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 Studio Hébertot

du 31 août au 22 octobre 2023

Les jeudis, vendredis et samedis à 19h, le dimanche à 17h

Dernières notes

La dernière soirée de Romain Rolland

Une pièce de Michel Mollard

avec Guilhem Fabre

Mise en scène de François Michonneau

24 décembre 1944

Romain Rolland est seul chez lui à Vézelay. Son épouse Macha l’a laissé le temps d’assister à la messe de Minuit. Agé et malade, il va s’éteindre quelques jours plus tard, le 30 décembre. Le prix Nobel de littérature, conscience morale de toute une génération, s’en doute : cette veillée de Noël est pour lui la dernière. Assis non loin de son piano, son esprit vagabonde. Il revient sur toutes les questions qui l’ont hanté depuis sa jeunesse : le pacifisme, l’attitude à adopter face aux totalitarismes, le rôle des intellectuels dans la politique, l’avenir de la France et de l’Europe, la religion. Et la musique bien sûr qui s’entremêle à ses réflexions. De temps à autre, il se rend à son piano. Au moment où il sent que la vie va lui échapper, le grand écrivain qui est aussi un pianiste émérite exauce son dernier vœu : jouer l’ultime sonate, l’opus 111, de celui à qui il a consacré une grande partie de son œuvre et fini par s’identifier : Beethoven.

Note d'intention

Plongé il y a quelques années dans la biographie de Romain Rolland, j’avais été frappé et ému de lire comment le grand écrivain avait passé sa dernière soirée, celle de Noël 1944 : alors que son épouse l’avait laissé pour aller à la messe de Minuit, il avait voulu se rendre à son fidèle Pleyel pour interpréter l’ultime sonate pour piano de Beethoven, l’opus 111. Epuisé par l’effort, il lui avait fallu ensuite regagner sa chambre au premier étage qu’il ne quitterait plus jusqu’à son décès le 30 décembre. Depuis cette lecture, cet épisode plein d’émotion et de mystère, et aussi de noblesse, ne m’a jamais quitté et je m’étais toujours promis d’y revenir. Deux raisons m’ont poussé à transposer cette dernière soirée du prix Nobel de littérature en pièce de théâtre. La première a été la lecture de son Journal de Vézelay, publié il y a une dizaine d’années seulement1 , qui couvre la période de 1938 à sa mort et renouvelle largement l’idée que l’on peut avoir du grand écrivain. Ce dernier y consigne en effet chaque jour ou presque de longues réflexions, toujours riches, souvent fulgurantes, et cela en toute liberté car il s’agit d’une œuvre qu’il ne destine qu’à lui-même. La seconde a été la rencontre de Guilhem Fabre, un des plus authentiques, des plus profonds et des plus attachants pianistes de la jeune génération. L’idée ne pouvait fonctionner qu’avec lui ; à rebours des concerts-lectures où alternent textes et musiques, il me fallait en effet à la fois un pianiste à même d’interpréter une des œuvres les plus redoutables du répertoire et un comédien susceptible d’endosser un rôle dense en portant un texte de mémoire. On dit Rolland passé de mode. C’est ne l’avoir pas lu ou faire bien peu de cas d’une œuvre protéiforme qui, à côté des pages mémorables de Jean-Christophe, touche aux domaines les plus divers, avec au centre la passion de sa vie : la musique. Dernières notes : derrière ce titre à double sens se cache une voix singulière, poétique, engagée, intègre, musicale aussi, qui s’adresse à nous et continue de nous interpeller avec force trois-quarts de siècles après qu’elle s’est tue.

Michel Mollard

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